Media: Mike quoted in Les Echoes on the economic uncertainty around Tokyo 2020 due to COVID-19
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JO de Tokyo : un pari onéreux aux retombées incertaines pour le Japon
Si la catastrophe sanitaire redoutée par la population n'a pas eu lieu, l'édition Tokyo 2020 a été la plus coûteuse de l'histoire. Pour des retombées économiques encore floues.
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Stade international de Yokohama, au Japon. (LOIC VENANCE/AFP)
Publié le 10 août 2021 à 15:52Mis à jour le 10 août 2021 à 18:35
« Je crois que nous avons été à la hauteur de notre statut de pays hôte », s'est félicité le Premier ministre japonais Yoshihide Suga. Alors que les Jeux Olympiques de Tokyo sont terminés, le chef du gouvernement a remercié l'ensemble des parties prenantes pour leur coopération, permettant ainsi à cette édition - inédite de par le contexte sanitaire - de se tenir (presque) sans accroc.
Car il faut le reconnaître : organiser une compétition d'une telle ampleur en pleine pandémie relevait de la gageure. Craignant une recrudescence épidémique, la majorité des Japonais était opposée à l'idée d'accueillir la compétition, alors même que le gouvernement avait interdit le déplacement aux spectateurs internationaux et décrété que les épreuves se dérouleraient à huis clos.
600.000 tests
17 jours plus tard, les craintes de la population ont été quelque peu confirmées : le flux de contamination a été multiplié par plus de trois entre le 23 juillet et le 9 août, passant de 3.900 à 13.000 cas quotidiens, le plus haut niveau depuis le début de la pandémie. Mais le nombre de décès journaliers est pour l'instant stable, autour de 12 en moyenne sur la dernière semaine.
Surtout, si l'on se limite à la bulle sportive, les mesures strictes décrétées par les autorités ont porté leurs fruits : sur les 600.000 tests réalisés avant et pendant l'édition, seuls 138 étaient positifs. Le comité en charge de l'organisation des jeux a par ailleurs signé un contrat avec Pfizer/BioNTech afin d'obtenir des doses de vaccin pour les athlètes. Au 23 juillet, 80 % des 11.500 compétiteurs étaient vaccinés.
Effets économiques incertains
Mais loin du front sanitaire, c'est sur le plan économique que les critiques ont fusé. Avec un coût officiel de 15,4 milliards de dollars - loin des 7,3 milliards d'euros prévus au départ - l'édition restera parmi les plus onéreuses de l'histoire, devant celles de Pékin en 2008 et Sotchi en 2014, dont les coûts totaux s'élevaient pourtant à respectivement 44 et 51 milliards de dollars.
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« Les chiffres ne sont pas comparables », explique Michael Duignan, directeur du centre britannique des études olympiques à l'Université de Surrey. « Les coûts de Pékin et Sotchi incluaient des investissements dans les infrastructures, les villes, les régions… Or, Tokyo disposait déjà des structures nécessaires », affirme-t-il. Les chantiers d'envergure étaient la construction du nouveau stade national ainsi que la construction du village Olympique.
Désireux de faire de cette édition le symbole du renouveau du Japon - à l'instar de l'édition de 1964, organisée aussi à Tokyo - le gouvernement a misé sur le marketing et la communication dans le souci d'attirer le plus de monde. Une stratégie s'inscrivant dans la volonté de l'ex-Premier ministre Shinzo Abe de faire du tourisme la pierre angulaire du développement du Japon.
Les étrangers remboursés
Pour 2020, les autorités tablaient sur pas moins de 40 millions de visiteurs… Il n'en fut rien. Le surplus de consommation, censé profiter aux hôtels, bars, restaurants et magasins, n'a pas été au rendez-vous. Tout comme les 800 millions de dollars de recettes attendues par les ventes de billets puisque les 600.000 visiteurs étrangers ont dû être remboursés.
Des 6,7 milliards de revenus espérés, il ne reste donc pas grand-chose. Sur le long terme, le tableau est peut-être un peu plus nuancé. « L'organisation d'événements de grande envergure stimule l'économie pour une dizaine d'années au moins », analyse Mike Duignan. « Accueillir ce type de compétition a pour objectif de promouvoir le pays, sa culture… et de donner envie aux gens de venir. »